Pour ces élections européennes, les régionalistes réunis au sein de R&PS avaient décidé de s’allier aux écologistes et de participer à la liste conduite par Yannick Jadot. Cette liste a réalisé un bon score, supérieur aux prévisions des sondeurs, grâce à la mobilisation des jeunes mais aussi, dans certaines régions, à une mobilisation des régionalistes (voir l’analyse des résultats sur le site de R&PS). Le Corse François Alfonsi, qui était en 9ème position sur la liste, a été élu. Félicitations à François. Il portera les idées régionalistes au Parlement européen au sein du groupe « Les verts/Alliance Libre Européenne » (où siègent aussi, entre autres, les élus régionalistes/nationaliste de Catalogne, du Pays basque, d’Écosse et du Pays de Galles). Cette participation des régionalistes à la liste Europe Écologie et le soutien de 57-Le Parti des Mosellans à cette liste a suscité de vives critiques chez certains de nos sympathisants, notamment dans la frange la plus à droite. Certains ont contesté une alliance avec un mouvement réputé de gauche et qui a longtemps été allié aux socialistes, tant au niveau national qu’au niveau régional. Parmi ces personnes, certaines ont probablement choisi de voter pour une liste d’extrême droite portée par des gens qui combattent le régionalisme et les langues régionales, qui défendent le jacobinisme français et n’accorderont jamais la moindre autonomie à nos régions s’ils arrivent un jour au pouvoir. Nous ne portons pas de jugement sur leur vote mais compte tenu de son caractère contradictoire, ces personnes ne sont pas les mieux placées pour venir critiquer notre choix d’alliance.

La critique est facile mais avant de critiquer, encore convient-il d’analyser la situation de manière objective.

Pour se faire, rappelons quelques faits :

1) R&PS est une fédération de partis régionalistes qui plaident tous pour davantage d’autodétermination de leurs régions respectives, mais la fédération est diverse, certains mouvements sont autonomistes et aspirent à une France fédérale avec des régions autonomes alors que d’autres sont indépendantistes. Certains comme l’UDB sont ouvertement de gauche , d’autres comme notre mouvement ou bien Unser Land ne se reconnaissent pas dans ce clivage gauche/droite. Aucune alliance automatique et évidente avec une quelconque liste (de gauche ou de droite) n’était donc envisageable pour ces élections européennes. Toute alliance impliquait de réfléchir à l’objectif: quelles idées voulons nous défendre au Parlement européen et quelle est, parmi les listes en présence, celle qui est la plus même de soutenir nos idées compte-tenu de sa propre philosophie et de ses votes au Parlement européen dans le passé? Pour les régionalistes français, deux thématiques étaient essentielles : la défense de l’Europe des régions et des identités régionales face à l’Europe des nations jacobines (portée par les conservateurs et une partie des socialistes et des libéraux) et l’urgence écologique.
2) Une campagne électorale coûte des millions et les dépenses électorales ne sont remboursées qu’aux listes qui obtiennent 3 % des voix . Présenter une liste est un risque énorme qui peut remettre en cause l’existence même d’un mouvement politique et laisser des dettes pendant des années. Malgré leur notoriété , les listes de Philippot et d’Asselinau n’ont pas atteint ce seuil. Le Parti communiste, qui fut en son temps l’un des plus grands partis de France, a également obtenu moins de 3 % des voix.
3) En France, le seuil pour obtenir des élus au Parlement européen est de 5 % et ces élections avaient lieu dans une circonscription nationale unique, constituée de l’ensemble du territoire français, y compris donc des régions où il n’existe pratiquement aucune conscience régionale et donc très peu de réserves de voix régionalistes. Indépendamment de la question financière, il n’y avait donc quasiment aucune chance d’avoir des élus avec une liste exclusivement portée par R&PS. Dans ces conditions, une liste régionaliste aurait été contre-productive.
4) Il existe depuis plusieurs années une coopération entre régionalistes et écologistes au Parlement européen. François Alfonsi siégeait déjà au sein du groupe Les verts/Alliance Libre Européenne entre 2009 et 2014 . Ce groupe soutient la subsidiarité en Europe, l’Europe des régions et les langues et cultures régionales. Il est le fer de lance du combat pour l’environnement et la transition écologique.

Il y a avait donc une logique à la participation à la liste conduite par Yannick Jadot. Le seul regret que nous puissions avoir, et qui doit servir de leçon pour l’avenir (y compris à notre niveau pour des élections locales), c’est d’être parti trop tard et de ne pas avoir négocié une meilleur accord avec EELV . Cela aurait permis d’avoir plusieurs députés régionalistes français au Parlement européen.

Même si nous avons une réflexion sur la manière de porter nos idées aux élections municipales et départementales, 57-Le Parti des Mosellans ne présentera ni liste aux municipales ni candidat aux départementales (essentiellement pour des raisons financières). Nous envisageons plutôt d’apporter un soutien à une liste dans certaines communes ou à des candidats aux départementales, sous réserve que leurs programmes intègrent certaines de nos préoccupations.

Les prochaines élections cruciales pour 57-Le Parti des Mosellans sont les élections régionales de 2021. Alors y participer oui, mais dans quel objectif et sous quelle forme ? Nous nous retrouverons dans la même configuration que pour les élections de 2015 : une élection au niveau du grotesque Grand Est à 10 départements. Les mouvements régionalistes alsacien et mosellan ne peuvent pas espérer à eux seuls atteindre au niveau du Grand Est le seuil de 10 % permettant d’obtenir des élus. Il ne s’agit pas d’aller dépenser une fortune pour faire de la figuration. L’objectif est bien d’avoir des élus pour faire échec à la politique menée actuellement par la majorité Rottner, combattre le Grand Est de l’intérieur, défendre les intérêts alsaciens-mosellans au Conseil régional et préparer ainsi le démantèlement du Grand Est au profit de régions fortes et cohérentes, et notamment d’une collectivité Alsace-Moselle à statut particulier. Il s’agit aussi de promouvoir une politique régionale pro active en matière d’environnement, de transports plus propres et plus performants et de transition énergétique.

Des alliances seront donc nécessaires pour atteindre le seuil de 10 % et comme pour les européennes, il convient de réfléchir de manière pragmatique et réaliste aux différents alliés possibles et d’entamer le plus tôt possible un dialogue avec eux. Il faut également prendre en compte l’aspect financier et faire appel aux dons de ceux qui aspirent à avoir des élus régionalistes au Conseil régional. Rien ne pourra se faire sans votre soutien.